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Lutter pour la vie
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27 mai 2006

Ma descente aux enfers

C'est la moindre des choses quand même.

J'aurai 18 ans le 12 juin, et je suis anorexique depuis trop longtemps. Un an et demi. Ce qui paraît peu en regard de certaines. Mais j'ai pu me rendre compte de l'étendue de la maladie pendant ce laps de temps.

Je devais déjà avoir pas mal de problèmes au niveau de l'alimentation, mais mon IMC était normal (18), j'étais heureuse, j'avais tout pour moi.

J'ai commencé mes TCA après un voyage en grèce, en avril 2005. Soudain, j'ai eu peur. Peur de cette nourriture inconnue que je devais manger. Cette moussaka enduite d'huile, ces pains à l'huile, ces poissons à l'huile, ces légumes à l'huile. J'étais terrifiée de ce que pourrait afficher la balance à mon retour. J'ai cessé de manger pendant 5 jours. A mon retour, je me suis précipitée sur l'instrument si cher à mon coeur. Verdict : 43.2. J'avais perdu ce que j'avais toujours considéré comme superflu, 2 kilos de graisse, ou de je ne sais quoi. Ce poids m'a paru mirifique. Et en même temps angoissant. Le nouveau aussi fait peur. Au restaurant, le soir (il n'y avait rien dans le frigo), je me suis gavée. Frites, carpaccio au basilic (et huile d'olive), moelleux au chocolat, pain, vin. Le poids a remonté, mais pas tant que ça.

A la reprise des cours, la balance est passée de 44 à 43.5. Et la descente vers les catacombes à commencé. J'ai vu les centaines de gramme défiler à une vitesse impressionnante. Je détestais les week ends, synonymes de repas riches et lourds, de manque d'exercice. Après chaque repas, je descendais et montais 7 à 15 fois les escaliers de mon immeuble (je suis au sixième étage) pour éliminer ce que je considérais comme indigne. J'ai dû diminuer les quantités, je ne me rappelle pas bien. Je ne connaissais rien aux calories. Je vivais pour la balance. Pour voir mon poids descendre.

Pour plaire ? J'étais déjà avec mon copain depuis un an et demi à l'époque. Il m'avait toujours trouvée merveilleuse à 45-48 kilos. Il n'étais pas contr le fait que je fasse, comme toutes les filles, un régime, pourvu que je ne passe pas en-dessous de 43 kilos (il aime les formes, pas les maigres), sans quoi, il ne me toucherait plus. A l'époque, j'ai ri en l'entendant.3 kilos, moi ki n'arrivais pas à quitter mes 45. C'était un fantasme.

Qui s'est réalisé. Bien sûr, viv m'aimait trop pour tenir sa promesse. En me voyant, il n'a fait aucun commentaire. Et les kilos ont continué à s'envoler. Au moment du bac de français, j'ai dû atteindre les 42. J'étais fatiguée. J'ai un peu flippé et mangé une bonne glace Haggen Dazz avant chaque épreuve. Mais le stress, les repas sautés... Après le français, ma mère m'a emmenée au resto. Et m'a obligée à prendre un dessert. J'avais peur à nouveau. Elle me surveillait depuis quelques temps. Elle avait pris conscience de mon anormalité. Moi pas. Je savais juste que j'étais trop grosse. Que je devais maigrir.

Les grandes vacance sont été les plus joyeuses de ma vie. Quand j'y repense, je me dis que j'étais vmt dans la maladie. ne pas me rendre compte de ce que j'infligeais à mon corps. Ne pas savoir que j'étais anorexique. Je connaissais à peine ce mot. Je mangeais le moins possible. J'avais éliminé tous les lipides, le pain (j'en consommais bcp avant). Mes parents ont dû trimballer la balance durant les deux mois, de biarritz à antibes. Sans pesée, je refusais de me nourrir.

Un soir, j'ai entendu maman parler de m'emmener voir un psy, à mes tantes. J'ai été horrifiée. M'emmener voir un médecin pour les fous ??????? Mais pkoi donc ? J'étais normale, je me sentais bien. Je maigrissais, c tout. N'étais-je pas plus mignone, ainsi ? Avec les os bien dessinés ? Des bras si fins qu'on les aurait pris pour des roseaux. des pommettes saillantes ? Bien sûr, on m'avait fait des remarques sur la plage (tu as maigrir, tu as perdu de la poitrine, on voit ton squelette). Et j'avais noté que mes pantalons s'étaient curieusement élargis. Même le nouveauacheté pour mon anniversaire. Un taille 34 pourtant. Je serrais la ceinture au maximum mais il baîllait étrangement. et cette histoire de psy. J'étais lucide. Très lucide. Je contrôlais mon corps à merveille. J'étais maîtresse de moi. Pkoi alors me prendre pour une folle ?

Et j'ai entendu ce mot. Qui m'a glacée les entraille. Anorexie. J'étais fichée. Un an de grec m'a permis de déterminer le sens du mot. Que j'ai trouvé ridicule. J'avais faim. Tous les jours. Et chaque journée de privations était une victoire sur moi-même. Alors qu'on me qualifie "d'absente de la faim"... Mais j'y ai réfléchi. Tous les soirs, je me répétais ces syllabes. Qui ont sonné de plus en plus doux dans ma tête. Jusqu'à devenir mon but ultime: ne plus avoir faim. Vivre sans manger..

En revenant sur paris, j'avais atteint les 38 kilos. Ma première visite chez la psy m'a parue relever du burlesque. Dépenser 70€ par séance pour raconter ma vie de malade. Alors que je n'étais pas malade. Mais si ça pouvait rassurer mes parents. La psy était gentille avec moi. Elle a accepté de s'occuper de moi, bien que je relève de l'hospitalisation.

Rentrée en terminale : j'étais fière de mon nouveau corps. J'ai mis le pantalon le moins grand possible, un débardeur. Et une veste. Depuis peu, j'avais froid. Tout le temps froid. Mes amis ont ouvert de grands yeux en me voyant. Je sais que j'en ai choqué plus d'un. J'ai eu droit aux: kes ki t arrivé ?     Le pire, c t, je pense, les qq filles ki m'ont dit: ouahou ! c koi ta recette pour maigrir ?

crétines... la volonté, une bonne dose de souffrance. Et une maladie mortelle.

Je n'ai pas osé me mettre en débardeur, comme toutes mes camarades. Mon cardigan dévoilait déjà suffisamment mes os. J'étais la cible des regards en coin. Mais je m'en fichais. Seul mon corps m'importait.

Les séances avec la psy n'ont rien arrangé. Entre laxatifs et restriction, j'ai encore perdu du poids. Un voyage à genève de trois jours avec ma division : moins 1 kilo. A mon retour, ma mère a fondu en larmes. Et mon père s'est mis en colère. Ce qui ne lui arrive jamais. Mais pas contre moi. Contre autre chose. Et, chose étrange, ses yeux se sont emplis de larmes. C'est la première fois que je le voyais ainsi.

pkoi pleures-tu papa ?

Il m'a dit qu'il ne pvait pas me regarder, que la souffrance était trop intense.

ça ne m'a pas empêchée de continuer. Au fur et à mesure que je maigrissais, l'angoisse de mes parents augmentait. Quant à mon copain, il n'arrivait plus à dormir ni à travailler. Je le terrifiais.

Parallèlement, je ne me nourrissais plus qu'aux dîners, et avec des gâteaux caloriques le reste du temps. Au chocolat. Je n'avais toujours aucune notion des calories.

34.8. On m'a menacée : si tu ne remontes pas à 38 avant noel, c l'hôpital. J'ai pris peur. je ne voulais pas être enfermée. Me faire gaver. J'ai remangé. En me mettant aux calories. J'ai découvert la différence entre glucides, lipides et protéines. métabolisme basal. Diététique. Santé. Graisses. Masse maigre. Rétention d'eau. avec 1200 kcal, je suis remontée à 38.2. Je pleurais chaque soir. Etre à 38 pour noel, la période goinffre. J'allais devenir obèse. Je haïssais mon corps. Je ne portais plus que des vêtements amples pour me cacher.

Mon corps s'est habitué aux 1200 kcal. En janvier, je suis redescendue. Soulagement intense. Etant obligée de me peser devant ma mère, je prenais garde à ne pas m'être purgée la veille. Et à boire de l'eau. Un peu. Je ne l'éliminais pas. Mon corps était trop déshydraté.

Voyage à cuba. 750kcal/j. Retour : 34.7. J'étais grise. Je ne sortais plus de mon lit. Je ne parlais presque plus. Trop fatiguant. Je me traînais misérablement pr aller à table. Plus la force de me doucher. Seul le travail avait gardé une place. J'ai tjs été bosseuse. Je déteste les mauvaises notes. Ne pas être première relevait de l'absurdité pr moi. Ma mère m' a emmenée voir un ntri. Qui  a failli téléphoné à l'hosto. Il a fait ma compo corporelle. 3 kilos de graisses et 18 kilos de muscles. Le reste ? de la flotte... trop de flotte. Grosse rétention hydrique.

J'ai eu peur de mourir. Je me suis rendue compte que j'étais jeune. Que j'avais une petite chance devant moi. Alors, g remangé. Pas bcp. puis un peu plus. 1300 kcal. J'ai pris 4 kilos en un mois et demi. J'ai supprimé les laxatifs. Je me suis crue à peu près guérie.

Je me trompais

En avril, en me regardant dans la glace, j'ai vu un monstre de près de 39 kilos. Et j'ai dit stop à l'existence. Une nouvelle fois. J'ai voulu disparaître...

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Commentaires
E
Touchante ton histoire ! <br /> Courage, bisous !
Lutter pour la vie
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